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Des véhicules de la Police Haïtienne| illustration |
Dès sa naissance, la nation a été piégée par la dette de l’indépendance, imposée par la France en échange de la reconnaissance de notre liberté. Un chantage historique qui a saigné notre économie et ralenti nos progrès sociaux pendant plus d’un siècle. Et aujourd’hui encore, ce fardeau invisible pèse sur notre présent.
Au fil du temps, l'État haïtien a sombré dans la faillite totale : les institutions sont fragiles, les dirigeants faibles ou corrompus, les priorités nationales bafouées. La diplomatie haïtienne est devenue moribonde, réduite à une figuration silencieuse, incapable de défendre les droits des Haïtiens à l’extérieur, ni de promouvoir une politique étrangère respectueuse de notre souveraineté.
Qui veut son respect se le procure. Le respect de l’Haïtien, tant à l’interne qu’à l’externe, ne viendra pas par la pitié des autres mais par une réappropriation collective de notre destin. Cela commence par l’éducation. Une école haïtienne authentique, centrée sur notre culture, notre histoire, notre langue et notre réalité, doit être le socle pour forger une nouvelle conscience citoyenne. Un peuple sans éducation nationale solide est un peuple sans armure face à l’adversité.
Aujourd’hui, les Haïtiens sont traqués, expulsés, interdits, rejetés, sous prétexte de sécurité et de souveraineté nationale par ceux-là mêmes qui profitent de nos drames. Les programmes migratoires rigides servent de barrière contre notre exode, alors même que nous fuyons la misère, la violence, la corruption, l’impunité et l’exclusion. Le peuple haïtien, autrefois symbole de force, de courage et de détermination, devient progressivement un peuple errant, un peuple à chasser.
Mais alors, qui pour nous défendre ?
Qui pour rétablir la vérité sur notre passé glorieux, notre présent complexe, et notre avenir encore possible ?
Quand déciderons-nous enfin de prendre notre destin en main et de nous faire respecter, sans attendre la validation d’instances extérieures souvent complices de notre immobilisme ?
Dans un monde globalisé, le climat de réciprocité et d’échange équitable entre les nations est un impératif. Haïti n’a pas à quémander son respect ; il doit l’exiger. Car l’histoire n’oubliera jamais que des Haïtiens ont versé leur sang pour la liberté d’autres peuples, que ce soit en Amérique du Sud, à Savannah ou en Afrique. Notre solidarité fut réelle. Le respect doit l’être aussi.
Pourtant, la communauté internationale reste ambiguë. Elle se montre généreuse en discours, mais destructrice dans ses interventions. Il est temps de rompre avec l’hypocrisie des pays dits « amis », qui ne nous offrent que des solutions toutes faites, inefficaces, voire toxiques, sans tenir compte de notre réalité politique, économique, sociale et anthropologique.
Nous avons besoin de vrais alliés, pas de maîtres. De solidarité sincère, pas d’ingérence masquée. De coopération, pas de domination.
Le peuple haïtien mérite mieux. Il mérite le respect, la dignité, la justice, et une place égale dans le concert des nations. Mais pour cela, il doit d’abord se lever, s’unir, se connaître, et se reconnaître.
Qui défendra le peuple haïtien, si ce n’est lui-même ?
Car personne ne viendra sauver le peuple haïtien à sa place.
Patrick Alexis
Citoyen Engagé
Moun9
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